Onze ans, entrée en troisième d’un petit collège parisien, des feuilles d’un test obscur devant elle, je la vois bien, s’appliquant à le remplir de sa petite main d’anorexique. Quelque temps plus tard, un rendez-vous chez la psy scolaire, (tout un poème, à l’époque j’étais moi aussi passé devant une de ses consœurs).

Directives de l’Éducation Nationale de l’époque : Test à tous les étages, mitraillage systématique des cerveaux, « viol » me diriez-vous ? En tout cas c’est bien comme cela que je l’ai vécu en ce qui me concerne, pas le choix… Quoi faire ? Se faire encore plus remarquer que ce que je ne le faisais déjà ? Dire NON, je n’ai pas envie de rentrer dans une case de plus, de votre monde où tout doit être bien rangé. Utopie ! A onze ans on se la ferme (excusez mon langage) et surtout on essaie de se faire tout médiocre. Pourquoi ? Auriez-vous raison de me demander ! Parce que dans un monde aussi absurde, illogique et brutal, c’est moi qui ai forcément tort, puisque les adultes ne font rien pour le changer !

Mais je digresse, revenons à ma copine qui est Fantastique (et le caoutchouc super doux. Je vous vois venir…). Elle passe donc son test et se retrouve devant la psy scolaire, et là (comme je l’ai aussi vécu) la dame s’adresse à ses parents, comme si elle parlait d’une personne qui n’est pas présente, mais pourtant assise sur une chaise à 2 mètres d’elle :

– « Elle est dans la petite moyenne de sa tranche d’âge, personnellement, je la vois bien dans un métier manuel, couturière par exemple » (véridique ! Je m’excuse auprès des couturières, si j’ai pu leur laisser à penser que ce métier n’était pas une digne profession, où l’on gagnait bien sa vie quand les manufactures existaient encore en France).

Fort de ce verdict, ma copine, avec son petit QI, continua vaille que vaille ses études, passant avec difficulté son BEPC, réussissant son bac presque avec mention, par la suite une licence, puis un master, et un second master, où donc était passée la couturière ?

Une courte pause pour la vraie vie et elle reprend ses études, obtient avec brio un doctorat dans une des plus prestigieuses écoles parisiennes, devient titulaire d’une chaire dans une école de même renommée, et peu de temps après accède au siège de Doyenne qu’elle occupera avec grâce. Résilience quand tu nous tiens…

Mais où es-tu donc couturière ? Comment cette enfant HP de 11 ans anorexique et hyperactive a pu si « brillamment » être testée par les brigades mobiles des psys de l’Éducation Nationale de l’époque, qui traitaient les petits enfants, lors des comptes rendus de tests aux familles, comme les non-existants qu’ils étaient à l’époque.

Heureusement les temps changent.

Quelles leçons tirer de cette histoire ? Que le haut potentiel dépasse toujours par nature le testeur et le test administré ?

Que vouloir mesurer un cerveau, dimensionner une personnalité, quantifier des performances, cela passe automatiquement par une réduction ?

Un peu comme si, on voulait mesurer une personne avec un ruban trop court pour elle, et qu’il faille lui demander de se baisser, pour voir qu’elle faisait bien en fait la taille du ruban !

La normo-pensance est bien présente à tous les étages, et à trop bien vouloir réfléchir parfois, on en devient souvent hors sujet. L’enfer n’est-il pas soi-disant pavé de bonne intentions ?

Y-a-t-il des solutions ? Sortir des cadres imposés de la société ? Pour aller où ? Dans des cadres plus larges ? Une promotion en quelque sorte ! Mais n’est-ce pas simplement rajouter quelques centimètres insuffisants, à un ruban trop petit qui mesure une personne ?

Provocateur mon article ? Un peu et je m’en excuse ! A dessein ? Affirmatif ! Et quoi d’autre ? No comment ! (Gainsbourg quand tu me tiens)

Il n’est pas écrit dans tous les cas pour choquer ! Mais pour faire réfléchir et comprendre qu’il n’est pas possible de continuer dans une voie où les gens sont pesés comme des marchandises, métrés comme la surface d’un appartement, étalonnés comme un compteur électrique.

L’objectif à atteindre c’est bien le bonheur, et le bonheur est personnel à chacun de nous. Personne ne peut croire ou faire croire qu’il est en mesure d’en apporter à qui que ce soit, hormis à lui-même.

En somme, être celui qui me rend heureux (merci Pascal pour cette belle phrase).

Pouvons-nous (devons-nous) sortir des cadres de la cognition standard ? Oui en ce qui me concerne ! Sûrement pas pour un cadre juste un peu plus grand. Mais certainement pour autre chose de plus petit que moi, qu’il me serait possible de mettre dans ma poche une fois que je l’aurais utilisé !

En quelque sorte entourer le cadre pour le maîtriser. Quadrature du cercle me direz-vous ? C’est impossible ! Et si ça ne l’était pas ?

Ma copine en tout cas, restera malgré tout une HP Fantastique !

DP

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