5 septembre 2019 – Plusieurs études avaient déjà démontré que les enfants ayant un aîné ont de moins bonnes performances linguistiques que ceux n’en ayant pas. Mais une équipe de recherche du CNRS, de l’hôpital Robert-Debré AP-HP, de l’EHESS, de l’ENS et de l’Inserm1 vient de préciser ce résultat : il ne concernerait que les enfants ayant un frère aîné. Ces travaux ont été publiés le 14 août dans la revue Psychological Science.

Intuitivement, il est tentant de penser qu’un enfant ayant un frère ou une sœur aînés grandira dans un environnement linguistique stimulant et développera plus rapidement ses capacités linguistiques que le premier né de la famille. Dans les faits, plusieurs études ont montré le contraire : l’acquisition du langage chez un enfant ayant un aîné serait moins rapide que chez un enfant n’en ayant pas.

Plus étonnant encore, seuls les grands frères impacteraient les capacités linguistiques de leurs cadets, comme vient de le montrer une étude menée pas une équipe de recherche du CNRS, de l’AP-HP, de l’EHESS, de l’ENS et de l’Inserm. Les enfants ayant une grande sœur présentent quant à eux un développement identique aux enfants n’ayant pas d’aîné.

Plus de 1 000 enfants ont été suivis de leur naissance à leurs cinq ans et demi au sein de la cohorte mère-enfant EDEN1. Leurs capacités linguistiques ont été évaluées à 2, 3 et 5 ans et demi par des tests mesurant plusieurs aspects du langage, tels que le vocabulaire, la syntaxe ou encore le raisonnement verbal. Les enfants ayant un grand frère présentent en moyenne 2 mois de retard sur leur développement du langage par rapport aux autres enfants ayant une grande sœur.

Pour les scientifiques, deux hypothèses permettraient d’expliquer ce résultat. La première serait que les sœurs aînées, en parlant plus volontiers à leurs cadets que les frères, compenseraient la moindre disponibilité des parents. Une autre hypothèse serait que les sœurs aînées soient moins en compétition que les frères aînés pour s’attirer l’attention parentale.

Si cette étude ne permet pas de départager ces deux hypothèses, elle met en évidence que le développement du langage précoce du cadet d’une fratrie a tendance à être ralenti lorsque l’aîné est un garçon. Pour la suite de leurs travaux, les scientifiques voudraient examiner l’impact de la culture (notamment l’origine géographique) sur ces résultats.

Les enfants ayant un frère aîné ont en moyenne un développement linguistique plus lent.
© Hugo Peyre

Notes

1.        Ces chercheurs font partie du laboratoire « LSCP » (CNRS / ENS / EHESS), du Center of research in epidemiology and statistics (Inserm) et du département de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de l’Hôpital Robert-Debré AP-HP.

2.        La cohorte EDEN a recruté des familles entre 2003 et 2006 dans les CHU de Nancy et Poitiers.

Bibliographie

The effect of siblings on language development as a function of age difference and sex. Naomi Havron, Franck Ramus, Barbara Heude, Anne Forhan, Alejandrina Cristia et Hugo Peyre. Psychological Science, le 14 août 2019.

 

Si vous avez aimé la lecture de cet article, merci de prendre le temps de laisser un commentaire ou de le partager sur les réseaux sociaux. Vous pouvez aussi vous inscrire au flux RSS pour être sûr de ne pas manquer nos nouveaux articles.
http://www.planete-douance.com/wp-content/uploads/2016/06/CNRS.jpghttp://www.planete-douance.com/wp-content/uploads/2016/06/CNRS.jpgDPArticlesacquisition du langage oral,CNRS,développement langage,frère aîné,langage,language development5 septembre 2019 - Plusieurs études avaient déjà démontré que les enfants ayant un aîné ont de moins bonnes performances linguistiques que ceux n’en ayant pas. Mais une équipe de recherche du CNRS, de l’hôpital Robert-Debré AP-HP, de l’EHESS, de l’ENS et de l’Inserm1 vient de préciser ce résultat...Site de presse pour l'information et les échanges de connaissances sur le haut potentiel, le syndrome d’asperger et l’autisme